Ça ne marchera pas. C'est tout de même formidable. S'ennuyer au lieu d'être scolairement efficace, ça a ses limites. Une heure tout au plus à écouter les travaux défoncer les murs de l'immeuble (hyperbole certaine sur ce point). Ensuite il faut bien le reconnaître, ça tient de l'insanité. Et pourtant, pour certains organismes vivants, il est possible de pousser l'indolence lit-musique-pensées sans but au-delà de cette limite. Ma personne se range donc définitivement dans la race des larves apathiques. Et malgré les pâles injonctions lancées par une obscure partie de mon subconscient, la machinerie ne se mettra pas en route pour remplir ses devoirs. Vraiment, ça ne marchera pas.
Je ne vois pas vraiment ce qu'il lui manque, à cet engin, pour être satisfait. C'est comme s'il se complaisait dans la déchéance. Lorsqu'il a tout pour fonctionner et continuer à avancer, il trouve un bug quelque part, lui accorde une importance démesurée, et se met hors service. J'imagine que certaines technologies de bas étages sont trop défectueuses pour être réparées efficacement après avoir été cassées. C'est un fait que je ne m'autoriserai certainement pas, cependant, à accepter. Les rouages vont se remettre à tourner, coûte que coûte, quoi qu'il faille entreprendre, même si ça signifie laisser quelques engrenages sur le bord de la route. Des petits bouts rajoutés ça et là, des morceaux que d'autres engins nous ont aimablement confiés pour qu'on en prenne soin. Il faudra songer à leur rendre dans les normes, se décharger du superflu, et surtout de ce qui pèse trop lourd malgré le bien que ça peut apporter, parfois.
Je suis donc un robot. Rien de nouveau, juste un peu de rouille qu'il me faut nettoyer. On se laisse trop facilement prendre l'eau. Parfois pour la bonne cause, parfois sans danger, lorsque l'eau est de ces liqueurs qui vous retournent la tête et le cœur et vous font même oublier la maladresse de votre grossier tas de ferraille. Et puis quelquefois la potion redevient eau, perd de sa magie, laisse planer le doute derrière l'enchantement. J'ai laissé mon cœur se loger ailleurs pendant que je tentais de veiller sur celui qui avait pris sa place. Que ça brûle, que ça se taillade là-dedans, on s'y fait. Jusqu'à ce qu'on perde cette foi, petit à petit, on ne sait pourquoi. Est-ce mon cœur qui cherche à reprendre sa place, ou le sien qui se retrouve trop à l'étroit ? Tu me dis de ne pas m'inquiéter et d'avoir confiance en toi. Et je sais, mais comment te dire. Comment te dire que je l'ai, cette confiance, et à quel point je t'en suis reconnaissante. Et à quel point je te l'envie. Je n'ai pas peur que tu partes. J'ai peur que ça soit mon mécanisme qui cède lâchement. Ne pas être à la hauteur, et la peur, continuellement. Que ce soit ma faute encore comme toujours. Ça ne marchera pas.